Lettre d’Isabelle 121 – En zazen
En zazen, droite devant un mur, vous avez le temps de voir à quel point votre esprit est agité, perclus de scories, de souvenirs inutiles, de pensées adverses, parasité par des projections de toutes sortes. Zazen me fit l’effet d’une douche fraiche et revigorante. Un ici et maintenant. L’esprit se vide, ne s’attache plus à tous ces mouvements et se centre, inhalant un parfum inédit à la fin (…).
Je trouvai enfin cette liberté fondamentale que je cherchais tant. Dans le silence, sans bouger un cil, face à un mur droit, dans une posture stricte, en kimono noir. Réalignée par un koan émergeant du néant ou par un coup sec de kyosaku sur les trapèzes.
Je me rendais avec une irrépressible hâte dès six heures du matin à trente kilomètres de chez moi en direction de ce petit temple zen. Pour rien au monde je n’aurai loupé ces moments de satori suivi d’un bol de thé et de soupe chaude, goûtés à l’aube d’un jour chaque fois nouveau.
Dans ma vie, j’ai souvent été conduite sans choisir. La vie m’emmène. La plupart du temps, je veux autre chose que ce qui m’arrive. Ce qui me fait sourire aujourd’hui. Je suis la première surprise de ce que la vie m’apporte. Elle a souvent beaucoup d’humour. Elle est désobéissante et rebelle. J’ai réalisé qu’elle n’offrait pas ce que je désirais mais m’apportait ce dont j’avais besoin. La vie répond à nos besoins les plus profonds, c’est certain, mais rarement à nos envies.
A cette époque, j’étais une guerrière. J’avais besoin d’éprouver ma force physique et mentale. J’avais pratiqué l’Aïkido à Aix et le tir à l’arc. Sur place au temple zen, les premières fois où je m’asseyais en posture de méditation, je m’évanouissais au bout d’une dizaine de minutes contre le mur. Des pulsions fulgurantes me traversaient et me sommaient de prendre la porte et fuir à tout prix. Comme je résistais à cette tendance courante chez moi de prendre la fuite devant ce qui ne me convenait pas, je tombais régulièrement sans connaissance face au mur. Je me disais intérieurement : tu restes, dépasse. Mais la force des pulsions étaient telles que je tombais. Je me rappelle la tendresse de ces mains de femme qui venaient soulever mon dos et me repositionner en zazen jusqu’à ce que je revienne à moi.
Tout doucement les épisodes d’évanouissement s’espacèrent et se résorbèrent et les expériences de méditation grandirent. J’avais gagné. Une première partie.
Je me souviens m’être rendue grippée à une séance de zen un jour, le rhume au nez, les yeux gonflés et la gorge piquante, et ressentir que dedans, personne n’était malade, si toutefois il y avait jamais eu quelqu’un. L’espace intérieur dans lequel j’entrais était plus oxygéné, plus frais, plus paisible, plus vaste. J’y respirais mieux.
Lentement et avec ravissement je prenais connaissance de ce nouvel état intérieur, un lieu de paix qui avait déposé les armes depuis longtemps, rempli d’un je ne sais quoi de mystérieux qui sentait l’aventure.
Extrait du livre « Passagère de l’Invisible – Voyage d’une conscience au Cœur de l’Infini »
MUSIQUE
La Dolce Vita de Fellini
Musique Nino Rota
J’étais passionnée de cinéma à 20 ans et Fellini était l’un de mes idoles
Le bon la brute et le truand
Et quand Ennio Morricone s’y met : c’est génial
Dans ce petit film on voit les instruments et les voix…Magique !
Et si nous allions à la Rivière ensemble
Go to the River
par Yael Naïm
La Révolution ! Et la plus belle des révolutions
Common
Yes !
Très bon dimanche
Isabelle