Entretien avec Amrit sur les couleurs de l’Amour
Amrit est autrice et enseignante spirituelle. Ses écrits et partages oraux témoignent de son profond Amour pour la Vie. Elle nous entretient ici de l'incontournable lien qu'il existe entre le cheminement spirituel et l'aspect relationnel de nos vies.
Enfant, on me disait souvent que j’étais naïve. Ce qui était vrai. J’étais à la fois ingénue et ridicule. Je ne comprenais pas ce monde, pourtant je l’aimais. Mon physique ingrat, me rendait ridicule. Mais vraiment. Ce corps trop grand et précoce, faisait l’objet de moqueries et de rejet. Mais je l’aimais quand même. Heureuse d’être une femme avant mon temps, je ne savais pas ce que cela impliquait, mais me réjouissais pourtant.
Adolescente, on s’est mis à me dire que j’étais en amour avec l’amour. Ce qui était vrai également. Ne trouvant pas un grand intérêt auprès des garçons, j’en étais à la fois heureuse et malheureuse. Heureuse, car je n’avais aucune envie de jouer à ces jeux de séduction et de popularité propres à l’adolescence. Mais malheureuse parce que je cherchais quelque chose de « vrai » que je rencontrais rarement.
Adulte, cette recherche de vérité et d’authenticité est devenue une maladie. Mes sentiments profonds se sont changés en émotions qu’il me fallait réprimer pour pouvoir être acceptée. La répression était d’une telle souffrance que rapidement, naviguer à travers la vie est devenue une épreuve quotidienne. En amour avec l’amour, j’ai choisi l’autre plutôt que de me choisir.
Ne sachant pas faire autrement, je ne pouvais qu’être la somme des inadéquations que je percevais alors en moi.
Aujourd’hui, je suis heureuse d’avoir vécu ainsi.
Je me suis perdue à travers la souffrance, me suis identifiée à celle-ci mais encore plus à cet autre, avec qui je tentais désespérément d’entrer en relation pour vivre les différents types d’amour que la vie nous permet d’expérimenter. J’ai voulu être comme cet autre, tenté de lui ressembler, de me mouler à son mode de vie, à ses façons de penser, de vivre. J’ai tellement observé, me suis tellement analysé en fonction de celui-ci, comparé à lui, que j’ai fini par le jalouser et envier son bonheur apparent. Reniant ainsi le mien un peu plus chaque jour.
J’avais tout pour être heureuse, mais n’y arrivais que rarement. Je me donnais encore et encore, chérissais les quelques remerciements et marques de reconnaissance qui passaient, mais passais beaucoup plus de temps à encaisser l’indifférence et les rejets. Jusqu’à tomber. Ce que j’ai fait souvent.
De plus en plus mal en point, j’ai commencé à me refermer, avoir des comportements préjudiciables pour mes proches et moi-même, et me gaver de médicaments. Espérant que ceux-ci pourraient miraculeusement tout régler.
Tout régler mais vraiment tout.
Au point de faire de ceux-ci ma porte de sortie à une souffrance qui un jour a atteint son apogée.
***
J’ai tellement désappris au sujet de l’Amour…
Pas de ces années où j’ai tenté de comprendre ce monde et lutté contre la souffrance.
Non.
On peut penser comprendre bien des choses quant au fonctionnement de ce monde et donner toutes sortes d’explications à la souffrance. Faire le lien entre les iniquités de ce monde et la souffrance est quelque chose qui se fait assez rapidement. Mais ce n’est qu’un constat, qui s’avère être une porte tournante dont on devient prisonnier dès que vient le temps de trouver des solutions aux grandes disparités de nos sociétés. Quant à creuser pour débusquer les racines de cette souffrance, que ce soit dans le passé, notre animalité, notre hérédité, c’est vouloir creuser jusqu’en Chine et même au-delà. Alors, même si c’est un exercice très noble et jusqu’à un certain point d’une grande utilité, un jour je suis devenue épuisée de tenter de me comprendre, de me définir. Je ne nie pas que pour certains cela puisse fonctionner, mais en ce qui me concerne, cela a également finit par faire son temps.
En fait, ce n’est pas exactement ce qui s’est passé. Il serait plus juste de dire que les choses se sont vécues comme une course contre le temps qui un jour a touché à sa fin. Et c’est à ce moment qu’une Grâce est débarquée, de façon inattendue, et a tout emporté. Tout emporté de mes certitudes et de la compréhension que je pensais avoir en regard de la vie.
Cette Grâce, il m’a fallu du temps à pouvoir la « nommer ». Peut-on nommer l’indicible et l’inexplicable? Pas vraiment. Mais il finit, tôt ou tard, à se présenter à nous sous une forme, une saveur, une couleur.
Pour moi, une fois de plus, ce fût l’Amour.
Lorsque j’ai embrassé cette souffrance, que je lui ai ouvert les bras et lui ai dit oui, c’est là que j’ai vu qu’elle était née de l’Amour. D’un Amour grand et libre qui avait toujours été là et ne m’avait jamais quitté. Parce que toujours présent. Avant même que je ne sois née. Cet Amour avait toujours su tout accueillir de cette Vie qui s’était vécue, malgré la joie, malgré la souffrance. Peu importe les nuances de gris que j’ai pu percevoir de la vie, en bout de ligne, il s’est avéré que la vraie couleur, la seule qui puisse être, c’était celle-là.
L’Amour.
Il n’y a jamais eu de faux pas; les choses devaient s’expérimenter comme Cela. Lorsque cela fut pleinement vécu jusque dans le plus profond de mon être, finalement, toutes mes tentatives à comprendre la souffrance de ce monde ou la mienne, s’effondrèrent mais trouvèrent également une réponse. Et, bien qu’il n’y ait plus personne à ce moment qui soit là pour comprendre, le simple fait de dire OUI, au beau comme au laid, OUI aux paradoxes de l’existence, OUI à TOUT, permit de voir qu’en fait, la compréhension était.
Déjà là. Préexistante, englobante et empreinte de compassion.
Amour et souffrance ne sont que les deux faces d’une même médaille. On souffre quand on dit non à l’Amour et l’Amour souffre du fait que nous lui disions non.
Parce que l’UN n’est que le reflet de l’autre et que l’autre n’est là que pour nous ramener à l’UN.
Et par « autre », j’entends ici tout ce que nous percevons ne pas être nous.
Sans l’autre, nous ne pouvons pas voir que nous sommes Cela, que nous sommes l’Amour.
Dans la Vie, l’Amour possède toutes sortes de couleurs. La couleur que nous voulons bien lui donner selon nos états d’âme journaliers. Nous voguons donc à travers la Vie, expérimentant des couleurs, qui toujours ne dureront qu’un temps. Sans voir que la vraie couleur de celui-ci se situe au-delà du spectre des couleurs visibles.
Aujourd’hui, pour moi, l’Amour a la pureté du blanc immaculé ainsi que la profondeur d’un noir de minuit.
Parce que le blanc et le noir sont les seules couleurs qui n’en sont pas vraiment.
L’Amour accueille et absorbe en lui toutes les couleurs de la Vie, pour ensuite les projeter et les exprimer différemment, selon une teinte et une déclinaison singulière à chacun(e) de nous.
C’est pourquoi l’Amour est au-delà de toute tentative de le nommer, mais qu’en même temps, la relation demeurera toujours cette incontournable vérité dans nos vies, qui nous permet de pleinement l’explorer.
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■ Intervenant.e.s
Parcours de l’autrice :
Offrant partages, Satsangs et conférences, Amrit a un parcours atypique. Lorsque, il y a quelques années, elle s’est mise à partager sur celui-ci, cela a d’abord suscité des questionnements et de l’intérêt auprès de gens qui se sont mis à aller vers elle, en quête de réponses à leurs propres questionnements. De fil en aiguille, elle s’est retrouvée à faire de l’accompagnement spirituel ainsi qu’à participer à différents collectifs d’écriture, magazines et sites. Que ce soit en Angleterre, aux États-Unis, en France ou au Canada, ses textes ont toujours eu pour but de partager la Réalité de l’Instant et la vision du moment. Ayant cheminé avec les gens, à travers une ouverture du cœur et une confiance réciproque qui ont grandi, elle continue de suivre cet élan qui la porte vers l’autre, lui permettant ainsi de redonner à la Vie ce que celle-ci lui a généreusement offert.
Amrit n’enseigne aucune tradition particulière, même si son cheminement l’a conduit à travers différentes approches. Ses partages partent du cœur et sont issus du vécu direct et spontané. Elle s’offre en toute simplicité, à qui veut bien s’ouvrir à la Réalité, et souhaite que ses enseignements demeurent accessibles. Ancienne avocate, elle a eu une carrière bien remplie, qui lui permet maintenant de vivre à son rythme. Le partage demeure donc pour elle un service qui s’offre librement et amoureusement, avec un grand souci d’établir d’abord et avant tout, une qualité relationnelle. Son activité consiste principalement à accueillir chez elle qui recherche son enseignement ou encore, à aller vers les gens, les organismes et les évènements qui la demandent et la sollicitent en ce sens.
Écrivant occasionnellement pour des sites tels que Science and Nonduality, Godspacelight ou des revues traitant de spiritualité, comme 3ème millénaire, elle travaille actuellement sur un projet d’écriture qui vise à regrouper ensemble certains des nombreux textes qu’elle a partagés à droite et à gauche au cours de dernières années.
Amrit est le nom spirituel de Diane Gagné. Ce nom s’est révélé à la suite d’un voyage et s’utilise depuis avec beaucoup de joie et de liberté, lui permettant de délaisser l’ancienne bannière et appellation de « La Lumineuse » qu’elle utilisait depuis quelques années.