Lettre d’Isabelle 155 – L’écriture et la survie
J’ai entendu ces phrases et j’ai reçu un choc :
« Pour moi, il y un lien entre l’écriture et la survie. Et notamment l’écriture autobiographique et la survie. C’est pour ça que l’écriture autobiographique est l’art des survivants. C’est les femmes, c’est les gays, c’est les rescapés de guerre qui ont écrit l’autobiographie. Ecrire la violence c’est une manière de ne pas suffoquer de la violence. On n’a pas le choix. »
Paroles extraites de l’interview télévisée d’Augustin Trapenard de La Grande Librairie, pour la sortie du livre « L’effondrement » d’Edouard Louis sur la mort de son frère à 38 ans.
Moi qui suis en train de finir un vieux poche trouvé chez une amie « Viens la mort on va danser » de Patrick Segal paralysé à l’âge de 24 ans suite à un accident, je trouve que c’est bien vrai.
Cette affirmation m’a bouleversée. Pourquoi me suis-je reconnue dedans ? Pourquoi ne puis-je écrire qu’à partir de ma propre introspection ? Qu’à partir de ma propre chair, depuis mon propre champ d’émotions, champ de mémoire, ma propre matière ? De manière autobiographique ?
Une part de moi est une survivante qui s’écoule dans l’écriture.
Moi qui n’ai vécu ni d’exil ni de guerre, ni de violence crue à proprement parlé, quoi que… de quelle violence parle-t-on au fond ? Les violences ne se mesurent pas à l’aune d’un cri mais à la subjectivité vécue. Elles sont toutes valables.
Nos vécus, nos ressentis sont uniques associés à une sensibilité de l’âme et de l’intime. Une menace, une accusation peuvent être plus percutantes qu’un coup de poignard. Une séparation peut affecter plus qu’une mort. Il n’y a pas d’échelle de comparaison à la violence ressentie. Chaque sensation est unique. Chaque être est unique dans sa sensibilité. Une part de moi a été déchirée. Qui ne l’a jamais été ? Abandon, deuil, agression, rejet.
Nous sommes tous des multi traumatisés.
Edouard Louis parle du déterminisme social. Puissant monstre qui vend sa marchandise unique au plus grand nombre, dévore et recrache les originaux, les pauvres, les minorités, les simples, les authentiques, les fous… Je crois avoir fait partie des vomissures.
En tant que fille et femme j’ai reçu de plein fouet la brutalité d’un monde particulièrement patriarcal et violent. J’ai en résonance mal du monde qui se déchire et lacère le féminin chaque jour un peu plus. L’accueil, le lien, la concorde, l’amour, la tendresse, la folle sagesse, la liberté, la puissance que représente ce féminin.
J’ai été choquée d’une société matérialiste essentiellement mercantile, superficielle et futile.
J’ai forcément mal de ce que l’on fait subir à nos frères les animaux et à notre mère nature.
J’ai forcément mal aux vrais survivants, drogués, blessés, exilés, pauvres, fous et gays, par universalité de sentiment.
Plus que tout aujourd’hui je me sens survivante d’un sacré que l’on a massacré.
Je découvre que c’est à cette intersection que se situe ma blessure la plus profonde à laquelle convergent toutes les autres. Sans doute est-ce de cette lymphe silencieuse que mon écriture est faite.
Puisque maintenant je sais, je continuerai à parler sans avoir peur de me dire que si je passe par moi c’est que ce moi contient tout le monde et que tout le monde est dans ce moi.
MUSIQUE
BACH - Passion selon Saint-Mathieu
Erbarme Dich
ONE -
Oui nous sommes Un ;-)
Sheila Chandra
Album Roots and wings
MOON SHINES AT NIGHT
Mother of mine -
Djyvan GASPARYAN
DOCUMENTAIRE sur GAIA TV
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AWARE : Comprendre la Conscience -
Très intéressant très beau aussi
Second film de la trilogie Heart of sky, Heart of Earth
(Cœur du Ciel, Cœur de la Terre)
https://www.gaia.com/video/aware-glimpses-of-consciousness?fullplayer=feature
Belle fin de semaine
Dans l’amour et la paix
Isabelle
PS/ Il y a l’au-delà de la survie heureusement.
De toutes ces blessures faire un feu de joie
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