Lettre 74 – Une petite lettre

Parce que je pars bientôt en vacances, un petit tour de France en voiture avec des stops chez des ami.e.s et des écolieux par ci par là, de ci de là, des Alpes à la Bretagne en passant par le Jura, les Charentes, la Vendée, le Tarn et Garonne et l’Aude.
Florence vient de poster sur les réseaux ces paroles de Marguerite Yourcenar écrits en 1980 dans « Les Yeux ouverts ». Elles sonnent si juste que j’ai eu envie de les déposer ici :

« Je condamne l’ignorance qui règne en ce moment dans les démocraties aussi bien que dans les régimes totalitaires. Cette ignorance est si forte, souvent si totale, qu’on la dirait voulue par le système, sinon par le régime. J’ai souvent réfléchi à ce que pourrait être l’éducation de l’enfant.
Je pense qu’il faudrait des études de base, très simples, où l’enfant apprendrait qu’il existe au sein de l’univers, sur une planète dont il devra plus tard ménager les ressources, qu’il dépend de l’air, de l’eau, de tous les êtres vivants, et que la moindre erreur ou la moindre violence risque de tout détruire.
Il apprendrait que les hommes se sont entretués dans des guerres qui n’ont jamais fait que produire d’autres guerres, et que chaque pays arrange son histoire, mensongèrement, de façon à flatter son orgueil.
On lui apprendrait assez du passé pour qu’il se sente relié aux hommes qui l’ont précédé, pour qu’il les admire là où ils méritent de l’être, sans s’en faire des idoles, non plus que du présent ou d’un hypothétique avenir.
On essaierait de le familiariser à la fois avec les livres et les choses ; il saurait le nom des plantes, il connaîtrait les animaux sans se livrer aux hideuses vivisections imposées aux enfants et aux très jeunes adolescents sous prétexte de biologie. ; il apprendrait à donner les premiers soins aux blessés ; son éducation sexuelle comprendrait la présence à un accouchement, son éducation mentale la vue des grands malades et des morts.
On lui donnerait aussi les simples notions de morale sans laquelle la vie en société est impossible, instruction que les écoles élémentaires et moyennes n’osent plus donner dans ce pays.
En matière de religion, on ne lui imposerait aucune pratique ou aucun dogme, mais on lui dirait quelque chose de toutes les grandes religions du monde, et surtout de celle du pays où il se trouve, pour éveiller en lui le respect et détruire d’avance certains odieux préjugés.
On lui apprendrait à aimer le travail quand le travail est utile, e
t à ne pas se laisser prendre à l’imposture publicitaire, en commençant par celle qui lui vante des friandises plus ou moins frelatées, en lui préparant des caries et des diabètes futurs.
Il y a certainement un moyen de parler aux enfants de choses véritablement importantes plus tôt qu’on ne le fait. »
Marguerite Yourcenar, "Les yeux ouverts."
Et les vêpres de Rachmaninov
Si magnifiques
Version courte
Version longue
Joyce Carol Oats
Il faut dire que je lis en ce moment l’auteure américaine Joyce Carol Oats sous le conseil de Marie
« J’ai réussi à rester en vie »
Ecriture minutieuse sur le choc d’un deuil.
Très beau livre.

Henri Gougaud
J’ai bien aimé ce que dit Henri Gougaud de l’actualité
« Il n’y a plus de portes dans les murs, plus de ponts sur les rivières. Entre les pour, les contre, les contre du pour et les pour du contre, nous prenons nos peurs pour des opinions, et nous nous rapetissons dans nos peines. Chacun pour soi, chacun chez soi, nous ne faisons plus que subir et nous débattre dans la tristesse de la séparation. Il est là, le vrai virus, caché dans cette cave du cœur où nous oublions notre commune humanité. Au delà de nos idées, de nos croyances, il est grand temps de revenir à ce qui nous fait semblables : La vie, la chaleur de la vie.
Nous ne sommes ni nos idées, ni nos croyances. Nous sommes beaucoup plus que cela. Nous sommes des êtres vivants peuplés de joies, de peines, d’émerveillements, de mémoire, de rêves et de cauchemars, d’élans et de désirs. Parlons donc de tout cela qui nous unit, c’est la meilleure façon d’éloigner ce qui nous sépare.
Tout au long de mon existence j’ai tenté de servir la vie. Je ne peux donc qu’essayer encore et vous dire mon sentiment. Le mauvais temps que nous traversons doit nous apprendre à grandir, à créer partout où nous le pouvons des oasis de fraternité plutôt que des champs de bataille. Je vous le dis parce que je sais qu’au fond nous en rêvons tous, et que nous n’avons pas d’autre choix que de cheminer vers nos rêves.
Je vous embrasse »

Le pire n’est pas exclu mais le meilleur reste possible
Edgar Morin
le mantra de la compassion
Om Mani Padme Houng
avec la mélodie qui me revient :
Longue et belle Vie à toutes et tous
Isabelle