Lettre d’Isabelle 104 – La Vie sur Mars !
Un seul petit voyage et voilà, tout revient. Je m’envole à nouveau et n’ai plus qu’une envie… Continuer !
Apprendre et rencontrer !
Je me suis demandée si c’était une fuite ou ma vraie nature, sans doute les deux.
Je viens d’une grammaire où le ET a remplacé le OU, définitivement et depuis longtemps.
Dix jours après le Sénégal je repars. Un tour de rencontres, un tour d’ami.e.s et toujours, le choix de vivre un peu plus avec l’inattendu, ce plaisir de ne pas savoir, de découvrir.
Je me suis interrogée sur mes rêves, les projets, sur la route à déchiffrer. Je constate que les idées suivent un sentier libre qui a besoin de paysages variés, de renouveau, d’un rythme pour se dévoiler.
Suivre le mouvement de sa nature, s’accueillir, être au plus proche de soi-même et d’autrui, célébrer, c’est l’enjeu, l’en-JE, l’ange. Avec nos flux et reflux, nos marées, nos incongruités. Je ne dis pas incohérences car j’ai très souvent remarqué que dans un certain espace, les contraires s’épousent au lieu de s’affronter.
OU laissé pour le ET.
Bouger ou rester immobile - J’y trouve le même plaisir, la même ardeur.
C’est une question de respiration, de foi, de rythme, de mobilité.
C’est une question d’amour.
Et au fond la même interrogation, la même quête de sens.
Si je la dessinais elle serait comme une vague parmi les vagues, montante et descendante, allant et venant, haute et lègère, avec l’infini au fond.
Des ondes, des ondulations, des mondes.
Des fluides, des flots, des sondes.
Au bord de la mer. Tout est musique
Musique
La respiration de la mer
Vanessa Wagner - Prelude n°1 in A Minor
La vie sur Mars – Seu Georges
En Surface par Etienne Daho & Dominique A.
Exposition
Je reviens de SUISSE où j’ai vu exposée la rétrospective de l’œuvre de JEAN DUBUFFET génial artiste prolifique réfractaire aux conventions sociales et picturales (et initiateur de l’art brut)
A la fondation Pierre GIANADDA
(jusqu’au 6 juin 2022)
Merveille !
Il écrira en 1984 :
Tu récuseras ce que tu avais pris pour la réalité
Ton regard tu le déshumaniseras tu le nettoieras de tout ce qu’on avait voulu t’apprendre tu le libéreras des noms donnés aux choses
Ton regard tu le fixeras au moment qu’il n’est pas encore interprété pas encore dénaturé par les noms donnés aux choses
Il n’y aura plus de choses quand il n’y aura plus de noms alors tu découvriras qu’il y a dans le monde bien plus de choses que n’en dénombrait le vieux caduque répertoire et qu’elles ne sont pas de la sorte qu’on t’avait fait croire ce que tu avais pris pour objet et corps n’était rien de plus que transitoires figures elles te trompaient tu n’y porteras plus attention elles se font et se défont elles n’ont pas de propre substance ne sont que leurres d’un instant
Ôte maintenant du champ le falsifiant jalonnement de la fable humaniste l’être n’est pas en ces quelques points où tu croyais le voir
L’être est partout un bouillon qui ne s’interrompt pas qui circule au dedans comme au dehors des figures que tu avais prises pour des corps doués d’existence propre rien de ce que tu avais vu n’existe et tu n’existes pas non plus
Cesse de voir des êtres où il n’y en a pas vois maintenant bondir l’être partout où tu ne le voyais pas
Renonce à ton idée de réalité à laquelle il t’est imposé de déférer la réalité sera celle qu’il te plaira d’édifier
Rien ne peut exister hors de ce qu’il te plaît de penser ta pensée à pouvoir de donner existence et réalité
Libère-toi de toutes les notions apprises qui prétendaient t’en empêcher donne au nord et au midi congé apprends à te complaire à l’immatériel les choses ne sont que des idées confère à tes idées de devenir des choses.
Au temps que je percevais le monde au travers du code humaniste je voyais ici un arbre là un oiseau à présent ne se voit plus rien de tels objets futiles rien que l’élan vital impétueux occupant en entier ce que j’appelais l’espace et le parcourant de ses agitations je n’ai plus à prendre garde à des accidentelles fugaces condensations que j’avais prises naguère pour arbre ou pour oiseau
Je ris de ma méprise
Seront révolues dorénavant les notions de ce niveau je ne veux plus y croire je sais qu’il n’y a pas de vérité hors celle que la pensée instituée
Je célèbre mes noces avec le monde que ma pensée se plait à projeter il sera désormais mon lieu mon aliment mon bain et mon théâtre
J’en fais le serment.
PS/ Des nouvelles de CHEIKH au SENEGAL l’argent récolté a été envoyé pour moitié à lui directement, l’autre moitié envoyé à Casamasanté pour ses soins et à une clinique dentaire pour ses dents. Merci à vous tous qui avez participé à l’aider !
Très beau week-end
Isabelle