Lettre 36 – Vivre

La vie me harasse, la vieillesse me détend
et la mort me repose.
Zhuangzi

Je ne vous dis pas ce que je pense de ce confinement 2 déclaré tout récemment,
le harassement est un mot bien faible…
MUSIQUE
Manuel de FALLA
4 guitares pour un tricorne
VIDEO La poésie d’une sculptrice
L’amour, la sculpture et la nature au creux d’un paradis
Le bonheur de laisser ses mains parcourir la terre
La vraie division est celle-ci : les ténébreux et les lumineux
Diminuer le nombre des ténébreux, augmenter le nombre des lumineux, voilà le but, nous dit Victor Hugo
SUPER interview de JOE DISPENZA
Jai adoré le passage où il explique que sans l’espace de l’inconnu, sans s’être laissé aller au vide, on ne peut rien inventer de nouveau. Si nous restons dans l’habitude, la répétition, les schémas du connu, aucun futur souhaité ne peut s’inviter.
VIDEO sur l’éducation
L’ ECOLE et LA CREATIVITE- L’EDUCATION du FUTUR
Nous sommes nombreux à avoir besoin de mouvement et de créativité pour penser et apprendre. Plus de 68 millions de personnes ont regardé cette vidéo, ça fait plaisir !
Un merveilleux TED X avec Ken ROBINSON très drôle, vrai et palpitant : une synthèse sur l’éducation extrêmement simple et intelligente !

LES TRANSFORMATIONS SILENCIEUSES
FRANÇOIS JULLIEN 2009
Voici un extrait de la Grande Librairie qui le présente et présente son livre
UNE SECONDE VIE comment véritablement exister
J’ai trouvé magnifique cet extrait sur les interstices de nos vies.
« Vieillir : nous ne nous voyons pas vieillir.
Non seulement parce que nous vieillissons sans cesse et que ce vieillissement est trop
progressif et continu pour saillir à la vue ; mais également parce que c’est tout en nous qui
vieillit. Tout : non seulement les cheveux blanchissent, mais aussi les cernes se creusent, les
traits s’empâtent, les formes s’alourdissent et le visage devient de « plâtre ».
Et aussi le teint vire, la peau se gerce, à la fois la chair s’affaisse et se rétracte etc… - je passe.
« Tout », c’est-à-dire que rien n’échappe : le regard vieillit et le sourire et le timbre de la voix
et le geste de la main-tout s’infléchit et notre « port » bien sûr, avec ses semelles de plomb, dit Proust, qui s’attachent aux pieds.
Or, parce que c’est tout qui se modifie, que rien n’en est isolable, ce manifeste en
devenir, et même étalé sous nos yeux, ne se voit pas. Peut-être a-t-on bien repéré, un matin,
sur la tempe, quelques cheveux blancs avant-coureurs ; mais ils ne sont là somme toute
qu’anecdotiques. Car ce ne sont pas des cheveux blancs qui font qu’on aura l’air vieux et
qu’un jour des gens se lèvent pour vous céder la place dans l’autobus. Non, c’est l’ « air »,
c’est-à-dire c’est tout, c’est partout …
Ceux qui se fient à la chirurgie esthétique n’en savent-ils pas quelque chose ?
En réparant le vieillissement ici, au coin des yeux, sur leur visage, ils le rendent plus criant,
par contraste, dans leur dos voûté ou le timbre défraîchi de leur voix.
Somme toute, ces quelques cheveux blancs de plus ne sont qu’un indice accidentel, un peu
plus saillant, de la « transformation silencieuse » qu’on ne voit pas s’opérer.
« Silencieux » est plus juste, en effet qu’invisible, à cet égard, ou plutôt en dit plus.
Car non seulement cette transformation en cours , on ne la perçoit pas, mais elle s’opère elle-même sans crier gare, sans alerter, « en silence » : sans se faire remarquer et comme
indépendamment de nous ; sans vouloir nous déranger, dirait-on, alors que c’est en nous
qu’elle fait son chemin jusqu’à nous détruire. Puis on tombe un jour sur une photographie d’il y a vingt ans et le trouble dont on est saisi est irrépressible. Le regard scrutateur s’engloutit dans la question : comment serait-ce moi ce visage ? Ce n’est pas « moi » - mais alors quel autre que moi ? Certes, je me reconnais peu à peu, en recomposant patiemment les traits, mais de façon allusive et tellement étranger : sous ce regard perplexe, « moi » se défait. (…) « J’ai vieilli » - mais un mot suffit-il à le dire ?
Car le vieillissement n’est pas qu’une propriété ou qu’un attribut de mon être, ni même une
altération graduelle portée à sa constance et sa stabilité, mais bien un enchaînement
conséquent , global et s’autodéployant, dont « je » est le produit successif.
La transition fait littéralement trou dans la pensée européenne, la réduisant au silence.
Je suis assis, puis je marche : comment saisirai-je ce passage ou cet entre-deux que se
contente d’indiquer ici le « puis » ?
Ce blanc laissé au sein du texte n’est pas vide, mais au contraire le lieu fécond où, sans plus
qu’on écrive, du texte continue d’avancer. On ne pagaie plus, le mouvement de ramer est interrompu, mais le bateau est porté et poursuit sur sa lancée.
Cette neige en train de fondre « est »-elle encore de la neige ? Ou n’est-elle pas déjà de l’eau ? (..) l ‘un se renverse dans l’autre et ne peut se renouveler qu’à travers lui (polarités yin et
yang). Le Tao est essentiellement transition et c’est pourquoi il est indéfinissable.
On ne trouve nulle part en Europe, de philosophie du vieillir silencieux et de son discret
érodage. Le chinois n’appelle-t-il pas couramment, effaçant la rupture, la mort une « transformation » ?
Si la mort était abordée comme l’aboutissement, individuel et momentané, de transformations silencieuses qu’on voit partout s’opérer, voici que de la vérité se laisserait tacitement capter. Témoin la pensée chinoise :
« La vie me harasse, la vieillesse me détend, et la mort me repose. » Zhuangzi
La vieillesse en reçoit sa place légitime comme transition – amortissement - entre les deux. En revanche, dès lors qu’on s’arrête à l’idée de la mort, qu’on en fait la Rupture et le grand
déballement pathétique, celle-ci nous fixe en retour et ne nous lâche plus ; dès lors qu’on la
laisse se focaliser en question, celle-ci devient abyssale.
Comment s’étonner que les chinois ne se soient pas préoccupés du Début et de la Fin des
choses ?Ni ils ne se sont passionnés pour l’énigme de la Création ni ils n’ont dramatisé
d’Apocalypse : le monde meurt tous les jours, le monde naît tous les jours …
Les transformations sont ainsi silencieuses (…) parce qu’elles sont infiniment graduelles, non
pas locales mais globales, à la différence de l’action. (Yi-King, le livre des transformations)
Les chinois ont dû traduire « temps » comme « entre-moments » ; ils ont pensé à la fois la
variation saisonnière et la durée qui en découle, mais n’ont jamais isolé un temps homogène abstrait de la durée des processus.
Tendre au moment saisonnier et s’y rendant disponible, vivre en phase avec son
renouvellement. Plutôt que de se précipiter « vers » la Fin, se hâtant vers le futur parce que
nous « manquons » d’être.
De là, tout moment est le bon moment, ne cesse d’enseigner la sagesse :
tout moment est « de saison », se renouvelant dans son autre, et qu’il alterne légitimement
avec les autres pour que se déploie la durée. »
ADIEU LES CONS
J’ai beaucoup aimé le film ADIEU LES CONS en ce moment en salle de cinéma, une comédie dramatique poétique, très bien filmée, graphique et photographique.
ASTROLOGIE
La suite d’une vidéo qui avait été extraordinaire dans ses prévisions données en 2019 pour 2020 avec un parallèle fait avec le thème d’Emmanuel Macron (voir lettre 7 : associationlesnouveauxmondes.com/lettres-isabelle.php)
LES BOULEVERSEMENTS EN 2021
Fin décembre 2020 : basculement en verseau
Si vous n’avez que 5 mns écoutez celles de la fin qui résume l’ensemble de l’année
Très beau week-end les ami es
Isabelle