Lettre 15 – Spécial post-confinement
Chers ami e s du post confinement,
Voici notre 15ème lettre.
La vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent
Albert Camus, L’Homme révolté
Il me tient à cœur d’écrire cette chronique hebdomadaire pour nous tenir au chaud, unis au cœur d’une actualité tourmentée. Et même si celle-ci se présente comme une pause aujourd’hui avec un refrain d’été, je sens bien qu’elle gronde encore confuse, par-dessous et au-dedans de nous.
Je la continue d’autant plus qu’en consultant les statistiques, mon webmaster et moi-même avons été merveilleusement surpris de savoir que vous étiez entre 4000 et 8000 à la lire !
Merci à vous tous.
Cette lettre est à diffuser largement autour de vous, l’invisible faisant son œuvre de transmetteur d’un doux parfum qui s’étend loin et répand son baume d’apaisement.
LITTERATURE
J’ai peu donné de titres de livres dans ces lettres, pourtant qu’est-ce que j’ai pu lire pendant cinquante ans ! J’ai par contre beaucoup parlé musique car j’ai réalisé pendant le confinement que je ne pouvais pas m’en passer, que je ne pouvais pas vivre sans musique, que la musique me manquait. Enfants dans ma famille, nous pratiquions tous un instrument, qui du piano, du violon, une petite guitare, de la flûte ou de l’harmonica. Et ma mère chantait tout le temps, écrivait des chansons et des poèmes. Dans son armoire de chambre, à la place des habits, il n’y avait que des cassettes d’enregistrements des airs qui lui venaient la nuit. Elle les chuchotait pour ne pas réveiller la maison. Et dans les placards de cuisine, il y avait des bouts de carton découpés des boîtes de purée mousseline sur lesquels elle griffonnait des paroles de chansons. Parfois on oubliait de manger parce qu’on improvisait. Il y avait autant de folie que de poésie. Mais que de folie…
Du coup je vais quand même donner un titre de livre aujourd’hui car je viens d’en finir un que j’aimerais partager avec vous ( mais ne vous attendez pas à quelque chose d’intellectuel ou de mystique, ma nourriture livresque habituelle -j’en aurai tant à conseiller- non, là, c’est le dernier qu’on m’a prêté et j’ai tellement ri que j’ai failli m’étouffer).
Je ne connaissais pas Tom Sharp un grand auteur satyrique anglais.
Son Wilt 1 est un monument burlesque (ubuesque ?).
www.babelio.com
Vous allez passer quelques heures à glousser. Aucune actualité tragique n’aura plus aucun effet sur vous. Du moins pendant votre temps de lecture. Et rire ça fait quand même super du bien.
Je vais courir chez Thierry demain chercher le tome 2 « Wilt2 ou Comment se débarrasser d'un crocodile, de terroristes et d'une jeune fille au pair »…
FLORENCE GUICHARD nous envoie ce post très en phase avec l’actualité, sur la poétesse américaine JOY HARJO qui vient d’écrire CRAZY BRAVE un récit autobiographique.
Je vous le partage:
« La panique ne m’a pas lâchée pendant des années. Au début elle m’a presque ôté la vie. »
La poétesse amérindienne Joy Harjo parle de la panique de vivre dans une société dont les règles ont été créées par et pour les Blanches lorsqu’on est racisé. Elle parle de la panique de ne pas savoir quoi faire de son cerveau même quand son âme crie qu’il faut créer. Elle parle de la panique de vivre une vie qu’on sait pouvoir être différente. Pas mieux, juste différente. À propos de cette même panique qui l’a habitée pendant des dizaines d’années, Joy Harjo ajoute « comme une comète qui file dans le ciel, j’ai perdu des particules, et je me suis délestée de ce qui ne m’aidait pas.
Dans son récit autobiographique « Crazy Brave », traduit par Joëlle Rostkowski et Nelcya Delanoë (Éditions du Globe), la poétesse raconte les odeurs de son enfance, les sursauts de son adolescence, et son salut – les arts.
« Trente ans plus tard, un soir d’hiver, je pagayais à bord d’une pirogue à balancier dans les eaux turquoise de la baie de Maunalua, au creux de l’île bien-aimée d’O’ahu, à Hawaï. J’ai remarqué que mes pensées, comme les vagues, montaient et descendaient sans angoisse ni urgence ".
« Et je me suis rendu compte que je m’étais libérée des tentacules de panique qui m’avaient étouffée... »
« Je sens fermement, que j’ai une responsabilité envers toutes les sources que je suis : envers tous les ancêtres passés et futurs, envers mon pays d’origine, envers tous les endroits que je touche et qui sont moi-même, toutes les voix, toutes les femmes, toute ma tribu, tous les peuples, toute la terre, et au-delà, tous les commencements et toutes les fins.
[l’écriture] me libère pour croire en moi, pour pouvoir parler, avoir une voix, parce que je le dois ; c’est ma survie ».
« J’ai laissé les pensées qui pardonnent, qui me pardonnent et qui pardonnent aux autres dans cette histoire, suivre les vagues. »
FLORENCE (association Les Baladantes) donne des ATELIERS d’écriture à Marseille et des coachings sur ZOOM (son tel 06 66 99 90 21) prochain atelier JEUDI 11 JUIN 15h30
MUSIQUE
A 22 ans je suis tombée folle amoureuse d’opéra. On m’avait choisie pour être l’une des figurantes de MYTHRIDATE le premier opéra de MOZART (écrit à ses 14 ans) pour le festival d’art lyrique d’Aix- en Provence et là…ce fut la révélation. J’y découvrais cet art total, musique, chant, théâtre et danse, mise en scène, tout à la fois. Et comme je ne fais jamais rien à moitié quand je tombe en amour, j’achetais les meilleures versions en 33 tours vinyl sur le marché et étudiais tous les livrets.
Je ne chantais plus que de l’opéra, prenais des cours…pendant deux trois ans.
LA TOSCA de PUCCINI
LA FLÛTE ENCHANTEE de MOZART- L’air de la reine de la nuit -
LA NORMA de BELLINI avec LA CALLAS
RADIO MONDE
C'est fou d'imaginer que quelqu'un ait pu réaliser une telle prouesse !
Dans le lien ci-dessous apparaît un globe terrestre comme celui de Google Earth, avec une infinité de points verts : vous pouvez zoomer de la même manière que dans Google Earth.
Chaque point vert est une station de radio locale de n'importe où dans le monde.
Lorsque vous cliquez sur le point, la station de radio est entendue immédiatement avec un bon son :
radio.garden/live/toulouse/radiopresence
C’est tout simplement incroyable d’´ingéniosité, merci Lucian !
France CULTURE interroge Michel SERRES sur les chemins de la philosophie
Michel SERRES se raconte en 42 épisodes
www.franceculture.fr
« Au début j'étais plutôt scientifique et ce que je préférais de loin, c’était les mathématiques. Un jour il m’est arrivé une tuile, c’était Hiroshima. Auparavant nous étions tous un peu scientistes, nous pensions que la science était bonne et tout d’un coup, cet événement terrible nous a appris que des physiciens de premier ordre s’étaient réunis dans le désert du Nevada pour concocter la bombe atomique... Beaucoup de scientifiques ont alors été pris dans leur conscience profonde. Moi j’ai alors voulu faire de la philosophie, j’avais 16 ou 17 ans.»
FILMS ET VIDEOS
VIDEO : REVEILLONS NOUS nous dit BRITT en nous envoyant cette vidéo
Beignets de tomates vertes (merci Corinne)
FILM en REPLAY sur ARTE « COLD MOUTAIN »
Voir la vidéo
J’ai beaucoup aimé. Film d’amour et de guerre
Et quelle guerre cette guerre de Sécession ! Et les hommes …quelle déshumanité !
Malgré tout, le film a une grande beauté.
HOMMAGE à GUY BEDOS qui nous a quitté
www.facebook.com
Voici la lettre que son fils lui a écrite le 1er juin
Papa,
Une dernière nuit près de toi. Des bougies, un peu de whisky, ta main si fine et féminine qui sert la mienne jusqu’au p’tit jour du dernier jour. Ton regard enfantin qui désarme un peu plus le gamin que j’redeviens. Au-dessus de ton lit, un bordel de photos, de Jean-Loup Dabadie à Gisèle Halimi, de Desproges à Camus en passant par Guitry. Ça ne votait pas pareil, ça ne priait pas les mêmes fantômes, mais vous marchiez groupés dans le sens de l’humour et de l’amour.
Au bout de tes jambes qui ne marchent plus, tes chats – sereins, comme des gardiens. Sur la table de nuit, un fond de verre de Coca, ultime lien entre ce monde et toi, quelques gorgées de force qui te permettent, du fin fond de ta faiblesse, de nous lancer des gestes d’une élégance et d’une tendresse insolentes. Fâché de ne plus pouvoir parler, tu envoies des baisers muets à ta femme adorée, à ta fille bien aimée, à la fenêtre sur l’Île Saint Louis, au soleil que tu fuis. Des gestes silencieux qui font un boucan merveilleux dans nos yeux malheureux. Tu auras mélangé les vacheries et l’amour jusqu’au baisser de rideau. Les « foutez l’camp » et les « je t’aime ». Caresses et gifles, jusqu’au bout. Incorrigible Cabotin, tu avais bien prévu ton coup : dans ton dernier morceau d’ mémoire, tu avais mis des « vous êtes beaux, je suis heureux, j’ai de la chance. C’est ta mère, là, devant moi ? C’est ma femme ? Oh Tant mieux ! ».
On va t’emmener, maintenant, dans ton costume de scène. Celui des sketches et des revues de presse, des télés et des radios, celui qui arpenta la France, en long en large et en travers de la gorge de certains maires. J’ai dénoué ta cravate noire. On va t’emmener où tu voulais, c’est toi qui dicte le programme, c’est toi qui conduit sans permis. D’abord à l’église Saint Germain, tu n’étais pas très pote avec les religions, mais les églises, ça t’emballait. Tu disais « Faudrait qu’on puisse les louer pour des spectacles de music-hall, des projections de films, des concerts de poésies ». Il y aura des athées, plein d’arabes et plein de juifs. Ça aurait consterné ta mère, tu aurais bien aimé que ta mère soit fâchée. Puis on t’envole en Corse, dans ce village qui te rendait un peu ta Méditerranée d’Alger. On va chanter avec Izia et les Tao, du Higelin, du Trenet, du Dabadie et Nougaro. On va t’faire des violons, du mélodrame a capella : faut pas mégoter son chagrin, à la sortie d’un comédien. Faut se lâcher sur les bravos et occuper chaque strapontin. C’est leur magot, c’est ton butin. D’autant que je sens que tu n’es pas loin... Tu n’es pas mort : tu dors enfin.
Nicolas
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BONNE NOUVELLE de par le monde :
Une jeune brésilienne de 12 ans a construit une bibliothèque dans sa favela
www.actualitte.com
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CE QUE NOUS DIT LA PLEINE LUNE du 5 juin
(j’aurai eu pile 60 ans ce jour-là c’est pour ça que j’ai cherché ! ;-)
vivre-intuitif.com
Belle fin de semaine à toutes et tous
A tout bientôt
Avec tout mon amour
Isabelle